Scholz accuse les chefs des Länder de la CDU d'"intrigue" contre Merz
L'épreuve de force tant attendue dans le conflit entre l'Etat fédéral et les Länder ainsi qu'entre le gouvernement fédéral et l'opposition sur le thème de l'immigration approche de son point culminant. Depuis le début de la soirée, les ministres-présidents négocient à la chancellerie fédérale avec le chef du gouvernement de la République sur le sujet de discorde par excellence de ces dernières semaines. Au cours des discussions, Olaf Scholz reproche aux chefs des Länder de la CDU, selon des informations de RTL et ntv, rien de moins qu'une "intrigue" contre leur propre chef de parti - contre le président fédéral de la CDU, Friedrich Merz.
L'accusation de Scholz est motivée par la demande des Länder de créer une commission fédérale-Länder pour définir la future politique migratoire. Les Länder dits "B" - c'est-à-dire les gouvernements des Länder dirigés par la CDU et la CDU ainsi que le Bade-Wurtemberg dirigé par les Verts et les Noirs - avaient présenté cette proposition ainsi que d'autres propositions à court terme lors de la réunion préliminaire de tous les ministres-présidents lundi. Les 16 Länder ont finalement repris cette demande dans leur document de position commun. D'autres souhaits des Länder B, comme la demande d'une extension des pays d'origine plus sûrs ou la réalisation de procédures d'asile dans des pays tiers, n'ont pas été repris dans le document commun. C'est finalement avec trois heures de retard que les ministres-présidents se sont rendus à la chancellerie.
Concurrence pour la candidature à la chancellerie
Le chancelier Scholz a visiblement senti une contradiction au sein de la CDU : ce n'est que vendredi qu'il a négocié avec Merz et le chef de groupe de la CSU Alexander Dobrindt un pacte allemand en matière de politique migratoire. Or, les ministres-présidents de la CDU/CSU ont soudainement revendiqué les négociations avec l'Etat fédéral sur la future politique migratoire - dans le cadre de ladite commission. Les ministres-présidents de la CDU tentaient-ils vraiment d'arracher à Merz les rênes de l'action ? C'est du moins l'interprétation qu'en fait Scholz, qui a lâché le mot "intrigue".
Depuis des mois, la concurrence entre Merz et le ministre-président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie Hendrik Wüst fait rage au sein de la CDU. On prête aux deux hommes des ambitions pour la candidature de la CDU/CSU à la chancellerie en 2025. Merz avait soupçonné à plusieurs reprises Wüst de vouloir se rebeller contre lui. Ce week-end, Wüst a attiré l'attention en demandant que les demandeurs d'asile entrés illégalement en Allemagne selon le "modèle rwandais" soient à l'avenir hébergés dans un pays tiers hors de l'Union européenne. Lundi matin, les Länder de l'Union ont finalement surpris les Länder gouvernés par le SPD avec cette demande et d'autres pour la rencontre avec le chancelier.
Wüst, pas Merz
Lors d'une brève conférence de presse avant le sommet avec Scholz, Boris Rhein, chef du gouvernement chrétien-démocrate de Hesse et président de la conférence des ministres-présidents, a tenté d'expliquer ce revirement. "Comme c'est souvent le cas : les choses se produisent, les choses évoluent", a déclaré le politicien de la CDU. "Ce n'est pas la reprise de points de la CDU Allemagne ou de Friedrich Merz ou du groupe parlementaire CDU/CSU au Bundestag". Les nouvelles exigences introduites par les Länder de l'Union sont "des points qui présentent une certaine concordance à l'un ou l'autre endroit, mais ce sont des points qui sont particulièrement importants pour les Länder".
Rhein a ensuite précisé qui était à l'origine de l'initiative : "Si Friedrich Merz avait pu nous dicter des points, il y aurait peut-être eu d'autres points que ceux-là. Je ne citerai que la question des pays tiers : Je ne dois pas tourner autour du pot, vous avez suivi cela ces derniers jours, c'est notamment une question du ministre-président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie".
Ni un "modèle rwandais" ni la commission fédérale-régionale ne faisaient partie du document en 26 points du groupe parlementaire de la CDU/CSU, qui constituait la base des demandes que Merz et Dobrindt ont adressées à Scholz. Wüst avait déclaré le matin dans l'émission "ntv Frühstart" : "Le point central aujourd'hui est que nous mettons fin à la migration irrégulière". Le fait qu'il y ait actuellement au moins deux politiciens au sein de la CDU qui veulent être les porte-parole sur le thème de l'immigration n'a pas non plus échappé à Scholz.
Source: www.ntv.de