Von der Leyen fait une déclaration claire à la Chine
La Chine est menacée par des droits de douane européens sur les voitures électriques et des sanctions pour les entreprises qui fournissent à la Russie des produits adaptés à la guerre. La présidente de la Commission européenne, von der Leyen, a insisté sur ces mesures possibles juste avant sa visite à Pékin. L'UE ne "tolérera pas" le déséquilibre dans les relations commerciales.
Avant le sommet UE-Chine de jeudi, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a appelé Pékin à faire des compromis sur les différends commerciaux. "Les dirigeants européens ne toléreront pas indéfiniment un déséquilibre dans les relations commerciales", a-t-elle déclaré à l'AFP dans un entretien avec plusieurs agences. "Nous disposons d'instruments pour protéger notre marché", a-t-elle souligné. La Chine doit en outre supprimer les barrières commerciales pour les entreprises européennes, a-t-elle ajouté.
"Le déséquilibre commercial a doublé au cours des deux dernières années pour atteindre aujourd'hui près de 400 milliards d'euros", a déclaré von der Leyen à Bruxelles. Il est "également dans l'intérêt de la Chine" de prendre des décisions en concertation avec les Européens lors du sommet.
La Chine exporte trois fois plus vers l'UE que l'inverse, a souligné von der Leyen. "Lorsque trois conteneurs partent de Chine vers l'Europe, deux de ces conteneurs reviennent vides". Le déséquilibre est ainsi "visible". La cheffe de la Commission allemande a également critiqué l'accès limité au marché chinois pour les entreprises européennes. "Nous constatons un traitement préférentiel des entreprises chinoises", a-t-elle déclaré. La Commission européenne se penche en outre sur la question des "subventions directes et indirectes" de Pékin, a-t-elle ajouté.
La Chine pourrait exercer des représailles en cas de droits de douane
En septembre, von der Leyen avait annoncé l'ouverture d'une enquête sur la concurrence concernant les subventions chinoises pour les voitures électriques. Elle a accusé Pékin d'"inonder" les marchés mondiaux avec des véhicules dont le prix est artificiellement bas. En ce qui concerne la menace d'amendes de l'UE, la cheffe de la Commission a déclaré que l'enquête prendrait encore un certain temps.
Un haut fonctionnaire de l'UE a souligné que les Européens devaient s'attendre à des mesures de rétorsion de la part de la Chine, comme cela a déjà été le cas par le passé. Il faisait allusion aux droits de douane punitifs de l'UE sur les panneaux solaires chinois de 2013 et aux menaces de sanctions de Pékin contre le vin européen. "S'ils veulent exercer des représailles, ils toucheront probablement d'autres secteurs, des secteurs politiquement sensibles", a déclaré le fonctionnaire européen.
L'économie allemande a mis en garde contre les conflits commerciaux ou une course aux subventions avec la Chine, un partenaire important. Le président de la DIHK, Peter Adrian, a appelé à ouvrir de nouvelles opportunités de marché en République populaire en supprimant les obstacles au commerce, par exemple dans les énergies renouvelables ou le secteur des services. "Mais là où il y a des distorsions de marché, l'UE doit aussi se défendre en conséquence avec des mesures antidumping", a-t-il souligné.
La Chine avait imposé des interdictions d'entrée à des politiciens européens en 2021.
Von der Leyen et le président du Conseil de l'UE Charles Michel sont attendus jeudi à Pékin. Il s'agit de la première rencontre en face à face avec le président chinois Xi Jinping et le chef du gouvernement Li Qiang depuis 2019, après un sommet vidéo l'année dernière. Le vice-président de la délégation chinoise au Parlement européen, René Repasi, a appelé von der Leyen à rappeler à la Chine sa responsabilité dans la guerre en Ukraine. La Chine doit faire pression sur la Russie et nommer enfin la guerre d'agression comme telle, a exigé Repasi.
L'UE reproche aux entreprises chinoises de livrer à la Russie des produits et des technologies adaptés à la guerre et d'aider ainsi le président Vladimir Poutine à contourner les sanctions européennes. Si Pékin ne dissipe pas ces soupçons, des entreprises de Chine continentale pourraient être ajoutées pour la première fois à la liste des sanctions de l'UE, selon des diplomates. En juin, l'UE avait déjà sanctionné trois entreprises russes basées à Hong Kong. Il existe à ce sujet un "dialogue intensif avec la Chine", a souligné von der Leyen.
Repasi a en outre appelé la cheffe de la Commission à aborder les violations des droits de l'homme et de l'environnement en Chine. Von der Leyen a déclaré vouloir appeler Pékin à lever les sanctions contre les hommes politiques européens. En 2021, la Chine avait imposé des interdictions d'entrée et d'autres mesures, notamment à l'encontre du député européen et ancien coprésident des Verts allemands, Reinhard Bütikofer. Pékin réagissait ainsi aux sanctions de l'UE pour la répression de la minorité musulmane ouïghoure.
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Source: www.ntv.de